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Annessione dell'Arabia Petrea

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En 106, alors qu'il mène campagne en Dacie, Trajan ordonne au gouverneur impérial de Siria, Aulo Cornelio Palma Frontoniano, d'annexer le regno nabateo di Petra,[1] sans doute après la mort du roi Rabbel II.[2] Ce royaume est alors l'un des derniers territoires protégés par Rome mais non intégrés à l'Empire, avec l'État client d'Osroene autour d'Edessa, quelques territoires dans le Caucase et le cas épineux du regno d'Armenia.[3].

Il n'y a apparemment aucun combat, mais l'annexion fait peut-être suite à une campagne militaire à la tête des légions de Syrie et d'Égypte commencée en 105 qui n'a, semble-t-il, rencontrée aucune résistance.[m 1][s 1] Cassio Dione Cocceiano[1] e Ammiano Marcellino,[4] qui écrivent respectivement près d'un siècle et plus de deux siècles après les faits, indiquent que la conquête du royaume s'est faite avec résistance. Toutefois, les pièces de monnaie contemporaines frappées à la suite de l'annexion parlent d'une acquisition (Arabia adquisita: l'Arabia sottomessa}}), et non d'une conquête militaire. De plus, Arabicus n'a pas été ajouté à la titulature impériale de Trajan, ce qui semble indiquer qu'il s'agit donc d'une annexion pacifique.[5][6].

Cette annexion permet de renforcer la frontière orientale de l’Empire en vue d'une campagne contre les Parthes, de rendre sûre la liaison commerciale entre l'Égypte, la Judée et la Siria[m 1] et de mettre fin au monopole des bédouins caravaniers comme intermédiaires sur le commerce de la mer Rouge.[7][8] · [9]. Trajan fait de Bosra la capitale de la nouvelle province impériale d'Arabie Pétrée (provincia Arabia), qui est créée le 22 mars 106[5] · [s 1] et formée du royaume conquis et de la décapole déjà romaine.

Probablement pour l'annexion du royaume nabatéen[6], Cornelius Palma est honoré des ornements triomphaux[6] · [i 1] et, de son vivant, d'une statue[a 1] de bronze dans le forum d'Auguste[6] · [i 1], à l'instar de Quintus Sosius Senecio, pour son rôle décisif dans les guerres daciques, et de Lucius Publilius Celsus[a 1], pour des raisons inconnues.

Sa politique intérieure

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L'Italie, territoire restauré
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Tracé de la via Traiana en rouge.

Pendant six ans, de 107 à 113, Trajan reste à Rome. Sa politique est alors marquée par son paternalisme et est davantage concentrée sur l’Italie. Nerva a déjà donné à l’Italie une place particulière au sein de l’Empire, comme l’attestent les monnaies de l’époque. Trajan poursuit cette politique. Au travers d’un édit, Trajan force les candidats aux fonctions sénatoriales à investir au moins le tiers de leurs biens sur le sol italien[a 2] · [p 1][10]

Comme son prédécesseur, Trajan s’attelle à améliorer le réseau routier italien : entre 108 et 114, les travaux de la via Traiana qui relie Beneventum à Brundisium sont achevés, vraisemblablement sous les ordres du curateur des voies Quintus Pompeius Falco, permettant d’alléger le trafic sur la via Appia qui dessert aussi Brundisium. Le point de départ de la via Traiana est marqué par un arc de triomphe dont les reliefs ne laissent aucun doute sur le programme de restauration de l'Italie qu'engage l’empereur[11] · [12]. Cette voie permet de relier plus rapidement Rome au port de Brundisium, lieu de départ pour la Grèce et l'Orient, et cela à la veille des guerres parthiques[12]. En outre, les délais de voyage ont été nettement améliorés dans de nombreuses régions d’Italie notamment grâce au développement de régions comme l’est des Pouilles et la Calabre.

Sesterce (circa 106-111) - représentant le bassin du Port de Trajan, entouré par des entrepôts et des navires au centre.

En l'an 103, Trajan fait construire au nord d’Ostie un autre port plus à l'intérieur[13], un bassin hexagonal communiquant par des canaux avec le port de Claude, avec le Tibre directement[14], et avec la mer. L’accès de nouveau port dépend moins des conditions climatiques pour assurer l’approvisionnement de Rome en blé, en matériaux de construction et en marbre.[15].

Il fait agrandir également les ports d’Ancône, de Centumcellae et de Terracina. Ce rôle prépondérant donné à l’Italie et les actions politiques de Trajan allant dans ce sens se retrouvent sur les sujets figurant sur les pièces de monnaies frappées durant cette période. Ces pièces sont estampillées de la devise (Italia rest[ituta])[i 2].

Rome, capitale embellie
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maquette représentant un bâtiment long qui entoure plusieurs cours à colonnades, entourés de nombreux immeubles serrés.
Le Forum de Trajan sur la maquette d'Italo Gismondi (1887-1974).

Peu de temps après le début de son règne, Trajan se lance dans un vaste programme d’urbanisation pour embellir la capitale, pour le bénéfice du peuple et pour sa propre gloire et postérité. Il consacre beaucoup d’attention à l’entretien et à la réhabilitation, des infrastructures civiles. Par exemple, il fait rénover et agrandir le système d’approvisionnement en eau. L’Aqua Traiana, aqueduc achevé en 109, fait près de Template:Unité de long et conduit l’eau depuis la région du lac de Bracciano au nord de Rome jusqu’au quartier de la rive droite du Tibre à Rome. Il apporte ainsi l’eau dans un quartier pauvre de la ville[16] · [17].

Toujours en l’an 109, il fait bâtir des thermes aux dimensions longtemps inégalées, près du Colisée, du Ludus Magnus et des thermes de Titus qui sont quatre fois plus petits[n 1]. Ces thermes sont construits en grande partie sur les ruines de la Domus Aurea de Néron. Trajan restitue ainsi à l’intérêt public des bâtiments privés et renforce par opposition au empereur Néron son image d’Optimus Princeps. Pour l’inauguration des thermes en 112, cent dix-sept jours de jeux sont organisés durant lesquels combattent Template:Unité et se produisent Template:Unité sauvages[n 2], des jeux démesurés qui rappellent les naumachies au temps d’Auguste. Seul le calendrier des Fastes d'Ostie nous apprend que Trajan inaugura en 109 une naumachie, donc un bassin destiné à des combats navals qui durent du 19 au 24 novembre 109[18]. Cet édifice est retrouvé au Template:XVIIIe siècle dans la plaine du Vatican. Des fouilles ultérieures ont permis d'en repérer le plan, en forme de rectangle orienté nord-sud, arrondi aux angles, large de Template:Unité et long pour ce qui est repéré d'au moins Template:Unité[19].

derrière des ruines au ras du sol se dresse une place semi-circulaire à colonnades sur deux étages, au-delà de laquelle s'étendent de plus hauts bâtiments, également en briques.
Vue aérienne des ruines du forum et des marchés de Trajan.

Le plus grand complexe monumental dont il entreprend la construction reste cependant le forum de Trajan, construit entre 107 et 113 sous la direction de l’architecte Apollodore de Damas. Ce forum dépasse tous les autres par ses dimensions : Template:Unité de long et Template:Unité de large. Contrairement aux autres fora romains, la place centrale du forum n’est pas dédiée à un dieu vengeur ou protecteur. Les sujets évoqués dans les reliefs et statuaires concernent le Sénat et l’armée, considérés comme les deux principaux piliers de l’Empire, ainsi que les préoccupations du peuple.

La prédominance sur les peuples barbares est quant à elle représentée par la colonne Trajane qui, sur une frise de près de Template:Unité, décrit au travers de scènes détaillées réparties en deux grandes sections les deux guerres daces. Le forum est lié aux marchés de Trajan, quartier de négoce autonome, qui demeure le plus grand bâtiment romain civil encore debout[n 3].

Après un nouvel incendie du Circus Maximus sous le règne de Domiziano, l'empereur Trajan fait reconstruire l'édifice et agrandit les gradins ainsi que la loge impériale. Il porte le nombre de spectateurs, grâce à des travaux d’agrandissement et l'ajout de Template:Unité[a 3], à près de 150 ou Template:Unité[20].

Trajan recrute une garde à cheval attachée à l'empereur, les Equites Singulares Augusti. Auguste avait déjà créé une unité similaire, connue sous le nom de Batavi (ou Germani Corporis Custodes), mais l'avait dissoute après le désastre de Varus en 9. Elle avait été reconstituée par Tibère en 14 et à nouveau dissoute par Galba en 68. Ils sont recrutés à partir de la cavalerie auxiliaire des provinces. Ils doivent dans un premier temps 27 à 29 ans de service. Ils sont organisés et équipés comme une unité de cavalerie (ala) régulière, constituant un numerus de 500 hommes et sont logés dans leur propre camp sur le Caelius. Leur commandement est assuré par un tribun, lui-même sous l'autorité du préfet du prétoire. L'unité est divisée en turmes, probablement forte d'environ 30 hommes, chacune dirigée par un décurion avec un duplicarius et un sesquiplicarius comme adjoints, le décurion senior est désigné decurio princeps[21].

Sa politique sociale
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un groupe d'une dizaine d'hommes et de femmes en pied ; deux enfants nus au sol, le visage supprimé.
Détail de l'arc de Bénévent : le panneau avec l'empereur, les alimenta et la naissance de la proles Romana[22].

Sa politique sociale est marquée par l’institution des , une aide alimentaire mise en place peu après 99 et destinée aux enfants des citoyens italiens les plus pauvres. Trajan reprend ainsi une initiative de Nerva et l’exemple déjà donné par de riches particuliers mais à une plus grande échelle.[23][24] L'argent de cette aide provient des intérêts, au maximum de cinq pour cent, des prêts perpétuels de l'État accordé à des propriétaires italiens.[25][26]

Cette aide alimentaire bénéficie probablement à des centaines de milliers de filles et de garçons sous la forme d’un soutien pécuniaire mensuel.[27] À Rome, en 100, Trajan accorde à près de Template:Unité une distribution gratuite de grain[a 4]. Une plaque de bronze de Veleia décrit les modalités de cette aide alimentaire. Pour cette ville par exemple, 300 enfants en bénéficiaient : 264 garçons touchent 16 sesterces par mois et 36 filles touchent 12 sesterces par mois. Plus de 50 villes sont concernées par cette mesure imperiale.[28]

L’aide alimentaire fait partie d’une politique globale de gestion de crise économique, c’est une aide aux pauvres qui permet d’asseoir la réputation d’un empereur qui se montre soucieux du bien-être de son peuple,[29] trait du prince qui perdure jusqu’au troisième siècle[e 1].

Par ailleurs, au début de son principat, Trajan annule les dettes envers le fisc[30] et supprime la taxe sur les successions pour les héritiers directs,[31] ce qui n'améliore pas la situation économique de l'Empire. Mais l'or dace rapporté à Rome dès 102, ainsi que l'exploitation des mines de la province, soulage le trésor de Rome.[30]

pièce de monnaie représentant une femme de profil en buste, avec une haute coiffure élaborée, entourée d'inscriptions.
Sesterce avec un portrait de Plotine.

Selon l'historien Gérard Minaud, auteur d'un ouvrage biographique sur douze impératrices romaines, c'est sous l'influence de son épouse que Trajan modifie la fiscalité pour la rendre plus équitable, prend des mesures pour une meilleure éducation, aider les pauvres, et établir la tolérance dans la société romaine[32].

Sa politique provinciale
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L'empereur donne une plus grande autonomie fiscale aux provinces : la perception de la plupart des impôts indirects, à l'exception des douanes, est maintenant confiée à des conductores de l’administration provinciale, c'est-à-dire de riches particuliers responsables des sommes dues.[33]

L'institution des curateurs de cité est créée soit par Domiziano, soit par Trajan. Ils sont en tout cas attestés pour la première fois sous le règne de ce dernier mais restent peu nombreux jusqu'au règne d'Antonin le Pieux. Sous Trajan, le recours à cette institution semble rester exceptionnel. Ils sont surtout attestés en Italie puis dans les provinces sénatoriales[j 1]. En Orient, Trajan nomme des sénateurs prétoriens et consulaires avec pour mission de remettre en ordre la situation des cités. Les titolos qu'ils portent sont assez variés mais les historiens modernes les qualifient habituellement de « correcteurs ». Ils peuvent avoir à charge la gestion de cités libres d'une province telle que l'Achaïe ou d'une subdivision de province comme le diocèse de Pergame. Les cités concernées sont autonomes et donc hors de la gestion directe du gouverneur de la province, et les nominations de correcteurs se font à titolo exceptionnel, donc sans mise en cause du statut privilégié des cités. Les correcteurs ont des pouvoirs similaires à ceux des curateurs de cités, et au moins dans certains cas des pouvoirs judiciaires que n'ont pas les curateurs de cités[j 2].

Trajan tente d’accélérer le développement intérieur de l’Empire en multipliant le nombre de villes : en effet, celles-ci constituant dans l’État romain la plus petite unité administrative, leur multiplication facilite l’exercice du pouvoir. Ces villes conservent une certaine autonomie en matière de collecte d’impôts et de recrutement. La plupart de celles fondées sous Trajan se trouvent sur des frontières ou dans des zones récemment contrôlées par Rome, en Germanie inférieure, au nord de la Germanie supérieure, le long du moyen et bas Danube, en Pannonie, en Mésie, en Dacie, en Thrace et enfin en Numidie[n 4] · [j 3].

À l'époque trajane, il existe deux types de . Elles sont fondées par déduction (deductio), c'est-à-dire par un acte de création juridique et religieux. Le premier type est celui dit . La colonie est fondée ex nihilo ou par ajout de colons dans une ville préexistante, en y installant des citoyens romains, souvent des vétérans de la campagne militaire ayant permis d'annexer la région où se trouve la colonie. Le deuxième type est la colonie dite . C'est une cité à laquelle l'empereur donne le titolo de colonie et le cadre institutionnel correspondant, sans pour autant y installer des colons. Cela constitue une promotion pour la cité et ses habitants. Le statut colonial honoraire se diffuse surtout à partir des Antonins et est attribué à des cités ayant auparavant reçues le statut de municipe. .

De nombreuses fondations de colonies de peuplement ainsi que de promotions de villes et cités ont lieu dans l'Occident romain, y compris les Balkans, jusqu'au règne de Trajan. Ses successeurs et lui concèdent aussi la dignité civique, notamment en Germanie, ce qui reste rare[j 4].

[[File:Timgad rue.jpg|thumb|right|upright|alt=une rue pavée avec des colonnes nues de chaque côté s'étend vers un arc de triomphe au lointain.|L'[[Arc de Trajan (Timgad)|Arc dit ]], Template:S-, à Thamugadi, aujourd'hui Timgad.]]

En Occident méridional
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En Afrique romaine, la conquête du pays, de la mer au désert, se termine sous Trajan, hormis les Maurétanies. Trajan renforce globalement le limes africain par des forts[c 1]. La Numidie méridionale est définitivement occupée militairement et la frontière est établie au sud de l'Aurès. En Numidie, le gouverneur Lucius Munatius Gallus est chargé d’établir à Thamugadi la Colonia Marciana Traiana en y installant les vétérans de la legio III Augusta vers 115-117[l 1][34] La ville devient vite l'une des plus importantes d’Afrique du Nord. L'empereur établit un groupe de vétérans aux côtés d'une communauté numide à Tébessa. C'est le dernier empereur à déduire des colonies dans la région[l 2].

Sous le règne de Trajan puis de ses successeurs, Leptis Magna, Hadrumetum et peut-être Leptis Minus se romanisent et prospèrent rapidement. Leur statut est relevé à celui de colonies honoraires ou de municipes[r 1] · [l 2]. Il promeut aussi des villes de la confédération cirtérenne,[35] hormis Cirta, sans rompre le lien avec cette cité. La politique africaine menée par Trajan est , et on peut parler d'une afin de répondre à des objectifs stratégiques[l 3].

Les provinces hispaniques sont politiquement et économiquement stables depuis la fin du Template:-s- et vivent sous une paix profonde d'Auguste à Marc Aurèle[l 4]. Bien que la famille de Trajan soit établie en Bétique, il ne semble pas que les Hispaniques se voient accorder de nombreux privilèges par l'empereur[l 5].

En Occident septentrional
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Carte illustrant la politique provinciale de Trajan, avec les colonies déduites (point jaune) et les villes promues (point noir). Illustratif et non exhaustif.
Template:Début de colonnesTemplate:Légende/DébutTemplate:Légende doubleTemplate:Légende doubleTemplate:Légende doubleTemplate:Légende doubleTemplate:Légende doubleTemplate:Légende/FinTemplate:Fin de colonnes

En Bretagne, il organise les zones déjà conquises, consolide la frontière et établit des camps fortifiés qui préfigurent les réalisations du mur d'Hadrien[c 2]. En effet, vers l'an 100, les forces romaines semblent défendre la frontière septentrionale au niveau du futur mur.[36] Pendant son principat, la situation militaire y reste stable mais son successeur est confronté à des troubles dès le début de son règne[l 6].

En Germanie inférieure, Trajan fonde la Colonia Ulpia Traiana par déduction de vétérans[r 2] ou encore Ulpia Noviomagus Batavorum qui devient la capitale des Bataves. Afin d’assurer l’allégeance des tribus rhénanes, des unités barbares sont incorporées dans la cavalerie de l’armée impériale[r 3] · [37]

En Germanie supérieure, le redéploiement des forces le long du limes donne naissance à l'organisation civique de la province. Dans la région située entre le Rhin, le Neckar et le Main, est créée la Civitas Mattiacorum avec Aquae Mattiacorum comme capitale, la Civitas Ulpia Sueborum Nicrensium avec Lopodunum comme ville principale et la Civitas Taunensium avec Nida pour capitale.[38][37]

Dans les Balkans
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En Pannonie, les soldats de la legio XIII Gemina, qui ont participé à une des deux guerres daciques, fondent la Colonia Ulpia Traiana Poetovio. La Pannonie est divisée en deux provinces, sans doute en 106 dès la fin des guerres daciques : Carnuntum devient la capitale de la province supérieure tandis qu'Aquincum est celle de la province inférieure. Sirmium, jusque-là en Mésie, est rattachée à la Pannonie inférieure.[39]

En Dacie, Colonia Ulpia Traiana Augusta Sarmizegetusa Dacica est fondée par déduction de vétérans[r 2]. Des légions sont installées à Berzobis et à Apulum et des garnisons sont placées dans les plaines du Banat et de Valachie[l 7]. Trajan établit une nouvelle organisation pour l'extraction des minerais de la région du Danube, concédant des baux à des entrepreneurs. Cela assure une production locale de très haut niveau pendant plus d'un siècle[l 8].

En Mésie, l'empereur fonde un certain nombre de villes ex nihilo. C'est le cas de Nicopolis ad Istrum, de Marcianopolis et de Tropaeum Traiani. Cette dernière est fondée en 109 en tant que vicus pour des vétérans près du champ de la bataille d'Adamclisi où les Daces et leurs alliés ont été vaincus lors de la première guerre dacique. Les deux autres villes ont directement le statut de cités[s 2]. Nicopolis est fondée dès 102 au lendemain d'une autre victoire contre les Daces.[40] Oescus, jusque-là un grand camp romain, devient une colonie, Colonia Ulpia Oescus, après 112[41] De plus, c'est sans doute durant le règne de Trajan qu'est mis en place le culte impérial en Mésie inférieure.[42]

Sur la côte occidentale de la Mer Noire, dans la province de Mésie inférieure, Trajan forme un conventus juridici à Callatis, dans une zone jusque-là peu contrôlée par Rome. L'empereur encourage la colonisation, soucieux de peupler une région déserte à cette époque et nécessaire pour le développement des garnisons romaines situées sur le Bas-Danube.[43] Tyras, beaucoup plus au nord sur la côte, reçoit sans doute une garnison romaine à la suite des guerres daciques.[44]

théâtre semi-circulaire en pierre blanche, avec une scène en bois, et à gauche un mur de scène incomplet fait de colonnes et de cloisons.
Le théâtre romain de Plovdiv, construit sous le règne de Trajan.

En Thrace, Trajan transfère en grande partie l’administration de la province aux villes nouvellement créées, supprimant les districts hérités de l'ancien royaume, à l'image de l'organisation de la province hellénistique d'Asie[j 5] · [l 9]. Parmi les villes créées sous Trajan, on peut citer Nicopolis ad Nestum, Ulpia Parthicopolis dans la basse vallée du Strymon, Augusta Traiana et Plotinopolis, dont la localisation n'est pas sûre. L'empereur promeut sans doute les villes de Serdica et Pautalia au rang de cité, ces deux villes prennent en tout cas l'épithète , tout comme Ulpia Anchialos,[45][l 9]. Il s'agit d'une réforme générale, puisque la province change de statut sous l'empereur, devenant une province impériale sous la garde d'un légat d'Auguste propréteur alors que c'était une province confiée à un procurateur depuis l'annexion du royaume client sous Claude. Cela montre l'accélération de l'intégration de la province dans l'Empire.[46] · [j 5].

La création de la province proprétorienne d'Épire est parfois placée à la fin du règne de Néron, et plus souvent sous le règne de Trajan. Elle aurait en effet été fondée peu après l'an 108[l 10]. En Achaïe, Mothoné de Messénie devient une cité libre sur décision de l'empereur.[47] L'île Astypalea, dans la mer Égée, recouvre la liberté, rétablissant là un privilège aboli au Template:S-[j 6].

En Cappadoce, il promeut Mélitène au rang de cité tandis qu'il favorise Selinous Traianopolis en Cilicie Trachée[s 3]. En 114, le Pont Polémoniaque ainsi que celui Galatique sont détachés de la Galatie, difficiles à administrer depuis Ancyre, et sont rattachés à la Cappadoce. Trajan compense cette perte de débouché maritime en rattachant plusieurs cités côtières à la Galatie, dont Sinope et Amisos. L'annexion de l'Arménie en 114 amène l’empereur à rattacher cette région à la Cappadoce, un procurateur étant nommé en Arménie pour l'administration fiscale du nouveau district[l 11].

Dans l'Arabie Pétrée nouvellement conquise, Trajan fait tracer une route entre 107/111 et 114/115, la Via Nova Traiana, qui évite le désert et permet de rejoindre la mer Rouge depuis la province de Syrie[48] Les villes indigènes de Pétra et Bostra ont reçu le rang de cités.[49] L'empereur renomme Bosra, alors appelée Bostra, en Nea Traiane Bostra, ou et Pétra reçoit le titolo honorifique de métropole (metropolis) au même moment[50] · [51]<ref">Sartre 1997, p. 304.</ref> Aulus Cornelius Palma engage des travaux dans sa province de Syrie et dans les terres nouvellement annexées. Par ses soins, Canatha, ainsi que d'autres cités, fait l'objet d'importants travaux d'adduction d'eau, grâce à des captages réalisés dans la montagne proche[52] · [53] · [54]. Une voie romaine reliant Pétra à Gérasa paraît dater de l'époque de l'annexion, tout comme la construction ou la réfection d'un aqueduc à Pétra[55]. Le grand cardo de Gérasa semble être du début du règne, tandis que la porte nord date de la fin du principat de Trajan.[56]

En Égypte, il fait étendre la surface des terres cultivables et rétablit l'approvisionnement en impôt des caisses de Rome.[57] Certains historiens attribuent à Trajan la construction, ou au moins l'agrandissement, de la forteresse de Babylone en Égypte[58]. L'empereur ordonne en tout cas la construction d'un canal reliant la mer Rouge au Nil[l 12].

dessin avec au premier plan à gauche, une fontaine ; derrière elle, l'angle d'un bâtiment dont on voit trois colonnes et qui porte une statue équestre ; au fond à gauche, derrière une colonnade, un bâtiment dont émerge une haute colonne décorée.
Dessin d'une vue reconstituée des abords de la colonne Trajane, encyclopédie allemande éditée par Joseph Kürschner, 1891.
Sa politique économique et financière
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En 107, Trajan dévalue la monnaie romaine. Il diminue la pureté d'argent du denier de 93,5 % à 89 % - le poids réel de l'argent passant de Template:Unité à Template:Unité[59]. Cette dévaluation, couplée à l'énorme quantité d'or et d'argent rapportée des guerres daciques, autorise l'empereur à produire une plus grande quantité de deniers que ses prédécesseurs. De plus, il abaisse aussi la valeur de l'or de l'ordre de 15 % à 25 % grâce au considérable butin en or ainsi qu'aux nouvelles mines, et il rétablit un cours plus normal entre l’argent et l’or.[26]

Les dépenses sous son règne sont considérables : des campagnes militaires avec douze à quatorze légions et de très nombreuses troupes auxiliaires engagées, de grandioses constructions de monuments, l'organisation de nombreux jeux pour le peuple de Rome, le financement des alimenta et l'aménagement de routes en provinces.[26] S'ajoutent à cela la diminution de certaines recettes, en raison, notamment, de l’allégement de la taxe sur les successions et de la suppression d'une partie des dettes revenant au fisc.[30][26]

Certes, le butin de la guerre de Dacie est colossal, ainsi que le revenu des nouvelles mines d'or de cette province,[60] mais Trajan n’enrichit pas le Trésor par la confiscation des biens des exilés et autres condamnés comme ses prédécesseurs julio-claudiens ou flaviens.[26] De plus, le bilan humain des guerres de Trajan est lourd, certaines régions telle l'Hispanie se trouvant partiellement dépeuplées d'hommes dans la force de l'âge ; l'Orient souffre des préparatifs des guerres parthiques et est dévasté par la grande révolte judéo-parthe.[61][62] Ainsi, à la fin du règne, la situation économique de l’Empire n'est guère florissante.[61]

Trajan et les chrétiens
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La correspondance entre Pline le Jeune et Trajan concernant les chrétiens est précieuse car il s’agit d’une des rares sources à caractère officiel qui ne soit pas d’origine chrétienne[63].

Pline, s’adressant à l’empereur, demande des conseils sur des problèmes sensibles qu’il rencontre dans son gouvernement de la province. Concernant les chrétiens, contre lesquels Pline a reçu des dénonciations anonymes, il se demande quelle attitude adopter et ce qui doit être puni : le fait d’être chrétien (nomen Christianum) ou les crimes qui y sont associés (flagitia cohaerentia nomini). Pline cherche à savoir également jusqu’où doit aller le travail d’enquête et les interrogatoires qui fournissent les preuves (quatenus quaeri soleat)[a 5].

Dans sa réponse, l’empereur reste ambigu et n’adopte pas de positionnement clair. Selon lui, un chrétien ne peut être recherché et poursuivi uniquement en raison de sa foi (conquirendi non sunt). Par contre, il considère qu'il faut les punir s'ils ont été dénoncés de manière non anonyme. En revanche, si, convaincus de christianisme, ils acceptent de sacrifier au génie de l’empereur, ils doivent être pardonnés[a 6].

Sa politique dynastique

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pièce de monnaie en or ; d'un côté, buste d'un jeune homme de profil ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; de l'autre, deux bustes d'hommes, dont l'un âgé, qui se font face.
Aureus, vers 115. À droite, le père naturel de Trajan, Marcus Ulpius Traianus et à gauche, son père adoptif, Nerva.

Trajan est déjà marié avant son adoption, depuis 75/76, avec Pompeia Plotina dite Plotine. Elle reçoit le titolo d’Augusta en 105. Ce mariage ne donne naissance à aucun héritier[m 2]. Pour autant, Trajan n’a jamais semblé vouloir divorcer, Plotine étant riche et instruite[64] · [65]. Cette infécondité de Plotine n’est pas vraiment un handicap pour la succession puisque, selon l’idée que le meilleur doit accéder au trône (succession par adoption), un fils biologique pourrait se révéler un obstacle[64].

La sœur de Trajan, Ulpia Marciana, décédée le 29 août 112, est divinisée peu après sa mort sur décision du Sénat. Dans le même temps, sa fille, Salonina Matidia, reçoit à son tour le titolo d’Augusta. Entre mai 113 et 114, le père de Trajan est également déifié,[66] faisant de Trajan le fils de deux pères déifiés, cas unique dans l’histoire de l’Empire romain.

tête d'homme barbu aux cheveux courts, en pierre blanche polie.
Portrait d'Hadrien.

Salonina Matidia et ses filles Vibia Sabina et Matidia la Jeune jouent un rôle important dans la politique dynastique de Trajan. Sabine se marie en 100 à Hadrien, faisant de lui le plus proche parent mâle de Trajan, et donc le candidat idéal à la succession. Depuis qu’il a dix ans, Hadrien a été placé sous la tutelle de Trajan et de Publius Acilius Attianus. Mais il faut attendre la mort de Trajan pour que celui-ci, directement ou par l’intermédiaire de Plotine et d'Attianus, l’adopte. Bien qu'il reste des doutes sur la réalité de cette adoption, Trajan a désigné, à l'attention générale mais de manière informelle, son petit-neveu comme successeur.[67]

Hadrien est deux fois lié à Trajan : une de ses arrière-grands-mères est la tante de Trajan, et il a donc épousé la petite-nièce de l'empereur en 100. Il est fait questeur de l'empereur dès 101, à l'âge minimal légal, puis il participe à la première guerre dacique où il est décoré ; il est ensuite tribun de la plèbe en 105 puis préteur avant l'âge, alors qu'il est absent de Rome. Trajan le met ensuite à la tête d'une légion lors de la deuxième guerre dacique et il devient consul suffect dès 108, une nouvelle fois avant l'âge. Après la mort de Lucius Licinius Sura cette même année, c'est lui qui écrit les discours de l'empereur, et il est à nouveau aux côtés de Trajan dans les campagnes parthiques,[67] ce dernier lui laissant le commandement de la puissante armée d'Orient peu avant de décéder.[68]

La guerre contre les Parthes

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dans un bâtiment de briques, statue d'homme debout en uniforme militaire, tendant la main droite qui tient un rouleau.
Trajan en imperator, dans l'amphithéâtre de Xanten, anciennement la Colonia Ulpia Traiana.
Lo stesso argomento in dettaglio: Campagne partiche di Traiano.
Le casus belli
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Depuis des décennies, la mise en place d’un roi en Arménie conduit à de graves tensions entre Rome et les Parthes. La Grande-Arménie est considérée comme un royaume client de Rome, bien que les Parthes en revendiquent le contrôle. Déjà sous Auguste, les premiers conflits armés opposaient les Romains aux Parthes pour la suprématie sur l’Arménie. À la suite de la guerre de 63, un roi arménien, Tiridate, est confirmé sur son trône par Rome.

Mais Chosroès, roi parthe, tente d’étendre son influence sur l’Arménie, et en 113 renverse et remplace le roi arménien Axidarès sans le consentement de Trajan[s 1]. Ce faisant, il offre aux Romains une occasion de déclaration de guerre, en bafouant le traité de Rhandeia, ou plutôt un prétexte, comme le dit Dion Cassius pour qui la véritable motivation de Trajan n’est autre que la recherche de la gloire[a 7] et la volonté d’imiter Alexandre le Grand (sogenante Alexander-imitatio)[a 8].

Cette évaluation critique de la politique expansionniste de Trajan montre que la déclaration de guerre ne fait pas l’unanimité à Rome. Le fait que Trajan a planifié la conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie dès 111 n’est pas prouvé mais cette hypothèse paraît, pour de nombreux historiens, assez raisonnable[69]. Parmi les raisons de cette guerre, on peut avancer des motifs économiques (contrôle des routes commerciales qui traversent la Mésopotamie) et des considérations militaires (sécurisation des frontières orientales)[69] · [70] · [71].

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La conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie
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Les seules sources antiques abordant ce conflit sont quelques résumés et explications de textes de Dion Cassius et des fragments de l’œuvre de l’historien Arrien. Les autres sources, pièces de monnaie et inscriptions, livrent des informations souvent incertaines.[72]

Trajan quitte Rome à l’automne 113 et parvient à Antioche, en Syrie, au printemps 114. Le nouveau roi arménien Parthamasiris, frère du roi déposé Axidarès, vient à la rencontre de Trajan et demande à l’empereur de le confirmer sur le trône d’Arménie.[73]. Mais Trajan refuse et annonce que l’Arménie devient provincia romana à la tête de laquelle il place un gouverneur romain[a 9][74] Peu après le départ de Trajan, Parthamsiris est assassiné dans des circonstances mystérieuses. Trajan met à profit les mois qui suivent pour s’assurer le contrôle militaire de la nouvelle province, et y parvient à la fin de 114. L'État d'Osroène fait acte de soumission à Rome et Trajan en profite pour soumettre des peuples du Caucase, notamment les Albaniens, puis il envoie Lusius Quietus contre les Mardes à l'est du lac de Van.[s 4][75][76] Pour la conquête de l’Arménie, Trajan se voit remettre par le Sénat de nombreux honneurs parmi lesquels la remise officielle du titolo d'Optimus[77]

Au printemps 115, Trajan se dirige vers le sud, quittant l’Arménie. Il prend les villes de Nisibe et de Batnae. Avant la fin de l’année 115, la Mésopotamie est déclarée provincia romana.[78] Trajan semble avoir remporté de nombreuses victoires durant cette période car il a été acclamé quatre fois imperator. Il ne semble pourtant rencontrer quasiment aucune résistance dans cette première année de campagne. Il passe l’hiver 115/116 à Antioche[s 4] où le grave tremblement de terre de 115 a failli lui coûter la vie. Les problèmes internes en Parthie ont semble-t-il empêché Chosroès d’organiser une résistance plus acharnée.[76][s 4].

pièce de monnaie ; d'un côté, un buste d'homme de profil ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; de l'autre, un homme debout portant les lettres S et C, et trois hommes assis à ses pieds.
Sesterce vers 116/117 : ARMENIA ET MESOPOTAMIA IN POTESTATEM PR REDACTAE, Traianus debout, à ses pieds les figures assises de l'Arménie, de l'Euphrate et du Tigre.

En janvier 116, les troupes romaines s’emparent de Séleucie puis de Ctésiphon, capitale des Parthes.[78][76][s 4] Chosroès parvient à fuir mais une de ses filles est capturée et envoyée à Rome. Trajan pousse plus loin son expédition jusqu’au golfe Persique.[78][76] L'État de Characène, pourtant vassal des Parthes, accueille favorablement l’empereur romain auquel il se soumet[s 4].

Le 20 février 116, le titolo de Parthicus s’ajoute à ceux de Germanicus et de Dacicus dans la titulature de Trajan.[78][76] Les pièces de monnaie célèbrent la conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie et la défaite des Parthes avec la devise Parthia capta[i 3] · [i 4].

Sur le chemin du retour, dit-on, il s’arrête à Babylone où il visite la maison où est mort Alexandre le Grand[a 10].

L'Empire romain à son extension maximale en 116, le sud de la Mésopotamie n'est occupé que quelques mois entre l’été et l'automne de cette année.
L'extension maximale de l'Empire
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En 116, Trajan atteint donc le golfe Persique. Aucun empereur romain n’a été aussi loin à l’est, et aucun n’a autant étendu l’Empire. Déjà, en 106, la Dacie et l’Arabie Pétrée l'avaient agrandi. Dans les années suivantes, l’Arménie et la Mésopotamie s'ajoutent à la liste des provinces. Trajan crée peut-être une autre province, l’Assyrie. Son existence n’est attestée que dans les sources antiques, de sorte qu’elle est largement remise en question par les travaux de recherches modernes : certains l'identifient avec la Babylonie[79], d'autres comme étant l'Osroène[80] ou encore l'Adiabène[81], et certains en nient simplement l'existence[82].

pièce de monnaie en or ; d'un côté, buste d'un homme de profil, ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; de l'autre, armes au pied desquelles deux hommes assis se tournent le dos.
Aureus de 116 qui célèbre la conquête de Mésopotamie : IMP CAES NER TRAIAN OPTIM AUG GER DAC PARTHICO, PM TRP COS VI PP SPQR et PARTHIA CAPTA.

Avec sa politique expansionniste, Trajan va à l'encontre des recommandations d'Auguste qui avait demandé que l’Empire soit laissé dans les frontières qu’il avait à sa mort (consilium coercendi intra terminos imperii)[a 11], de peur que les nouvelles conquêtes ne déséquilibrent l’économie[n 5].

Patrick Le Roux note que l'Empire {{citation|paraît avoir atteint son apogée conquérant, mais non sa plus grande extension,[83] considérant sans doute que la Mésopotamie et l'Arménie ne sont que des occupations temporaires de l'armée romaine et non des annexions aux terres de l'Empire, même éphémères.

La grande révolte judéo-parthe
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Alors que Trajan est encore sur les rives de l’Euphrate, une révolte juive éclate en Mésopotamie, en Syrie, à Chypre, en Judée, en Égypte et en Cyrénaïque dès 115. Le contexte et les objectifs de la rébellion sont méconnus.[78]Errore nelle note: </ref> di chiusura mancante per il marcatore <ref>

pièce de monnaie ; d'un côté, buste d'homme de profil ceint de laurier et entouré d'inscriptions ; de l'autre, un homme sur son trône, entouré de deux hommes, reçoit un suppliant à genoux devant lui.
Sesterce vers 116/117 : REX PARTHIS DATVS. Trajan assis sur une estrade et Parthamaspatès de Parthie à genoux.

Une armée dirigée par un consulaire est battue, défaite qui entraîne la perte de nombreuses garnisons romaines. Par la suite, les Romains sont contraints d’évacuer le sud de la Mésopotamie. Parthamaspatès, fils autoproclamé du roi parthe, qui suit les troupes romaines jusqu’à Ctésiphon, établit un front contre les rebelles. En récompense, Trajan le couronne roi des Parthes à Ctésiphon avec le titolo de Rex Parthiis Datus ( ), renonçant par là même à son projet d’intégration complète de la Mésopotamie dans l’Empire. La population rejette ce roi vassal de Rome, mais Trajan ne dispose plus d’aucune troupe pour repousser une éventuelle contre-offensive des Parthes[84] · [p 2], tous ses effectifs étant mobilisés par la rébellion juive. Parthamaspatès est renversé l’année suivante par Chosroès qui reprend son trône.

Lusius Quietus est chargé de réprimer l'insurrection dans le nord de la Mésopotamie, ce qu'il fait avec une dureté qui doit singulièrement marquer les esprits du temps pourtant accoutumés à la violence guerriere.[a 12][85] Il dirige le massacre des Juifs et des Parthes de Babylone et il s'empare des importantes cités syriennes révoltées de Nisibe et d'Édesse, capitale de l'État client traître d'Osroène, qu'il fait raser jusqu'aux fondations[a 13] · [68] et dont il fait mettre à mort le roi, Abgar VII. De plus, il mène de brillantes actions à l'arrière-garde de l'armée, permettant ainsi aux légions de repasser l'Euphrate sans risque en 116.[86] · [68]

Quintus Marcius Turbo est quant à lui chargé de reprendre le contrôle de l'Égypte et de la Cyrénaïque[87] · [a 12] · [a 14] · [88]. De grandes révoltes des Juifs y ont éclaté et ont abouti à la mise à sac de villes et au massacre de citoyens romains, parmi lesquels un grand nombre de Grecs[s 5]. L'approvisionnement en céréales provenant de l'Égypte est menacé et les autorités locales sont dans l'incapacité de mater la rébellion[88]. Turbo réduit la révolte juive et reprend le contrôle de l'Égypte, de la Cyrénaïque[87] · [a 12] · [a 14] et de Chypre, à la suite d'une longue répression qui fait couler le sang en abondance de part et d'autre[88][89]

L'ensemble de ces révoltes juives de 115-117 est connu dans l'histoire sous le nom de guerre de Kitos, ainsi nommée en référence à Lusius Quietus[86]. Chypre est définitivement privée de toute présence juive,[78] tout comme certaines zones d'Égypte, mais il reste par exemple une forte communauté juive à Alexandrie après la répression[s 6].

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En plus de la révolte juive, plusieurs soulèvements apparaissent dans les provinces nouvellement conquises et, en Arménie par exemple, Trajan doit céder temporairement des territoires pour pouvoir reposer ses troupes. Des soulèvements sont signalés jusqu’en Dacie, à la suite du soulèvement provoqué par les attaques répétées des Sarmates Roxolans et Iazyges ainsi que des Daces libres.[90] Trajan y envoie quelques troupes avec à leur tête Caius Iulius Quadratus Bassus à l'été en 117 pour faire face au péril dace, en tant que légat de la legio XIIII Gemina[91] · [92].

Une fois que les troupes romaines semblent avoir la maîtrise de tous les théâtres d’opérations, Trajan reprend sa stratégie initiale. Il se déplace vers le nord et assiège la ville fortifiée d’Hatra. Malgré des efforts importants, le siège échoue en raison de conditions très défavorables aux assiégeants : climat désertique, problème de réapprovisionnement. De plus, la santé de Trajan décline et il est contraint de se retirer. Son état de santé continuant à se détériorer, il décide de rentrer à Rome. Ce retour précipité rend nécessaire l’organisation d’une seconde campagne en Orient. Le contrôle de la Mésopotamie est perdu.[68][93]

Dans cette situation, Trajan n’a pas d’autre choix que de mettre Hadrien en avant et le nomme gouverneur de Syrie où les troupes engagées dans la guerre contre les Parthes sont stationnées.[68]

Trajan décède à Selinus, le 8 ou le 9 août 117, sur le chemin de retour pour Rome, des suites d’une grave maladie. Considérablement affaibli par sa dernière campagne, un accident vasculaire cérébral le rend hémiplégique. Il succombe quelques jours plus tard des suites de graves complications respiratoires. Les symptômes de la maladie semblent correspondre à des conséquences du paludisme.

Il est dit qu’il a finalement adopté Hadrien sur son lit de mort.[94] Les circonstances opaques de cette adoption ont entrainé de nombreuses spéculations et controverses. Dion Cassius prétend qu’Hadrien n’a jamais été adopté, mais qu’il s’agit d’une manœuvre de l’impératrice Plotine et du préfet du prétoire Publius Acilius Attianus.[95][d 1]. Les historiens modernes sont eux-mêmes divisés sur la réalité de cette adoption[96].

Le corps de Trajan est transféré sur ordre d’Hadrien à Séleucie de Piérie et incinéré. Ses cendres sont ensuite ramenées à Rome et placées dans la base de la colonne Trajane, bien que les funérailles d’un empereur dans l’enceinte de la ville, à l’intérieur du pomœrium, soient inhabituelles : Trajan reste, jusqu’à l’antiquité tardive, le seul empereur à être enterré dans les limites de la ville[g 1].

Trajan devait être à Rome en janvier 118, pour participer aux cérémonies de ses 20 ans de règne en tant qu'Empereur Auguste : mais le sort en décidera autrement, et les fêtes et autres cérémonies furent annulées. Au départ, la colonne Trajane n'était pas destinée à recevoir les cendres de Trajan : après la décision de la plèbe et des sénateurs de transférer les cendres de Trajan sous la colonne, des travaux furent entrepris pour aménager une niche pour recevoir l'urne en or avec les cendres de l'empereur. La cérémonie d'inhumation eut lieu quelques mois plus tard, en présence d'Hadrien, le nouvel empereur, et de Plotine, la veuve de Trajan. Celle-ci sera inhumée avec son époux vers 127/128.

[[Fichier:Bust Hadrian Musei Capitolini MC817.jpg|thumb|right|upright=0.8|alt=buste d'un homme dans la trentaine, barbu, portant un plastron orné d'un soleil, et un début de cape sur l'épaule gauche.|Buste de l'empereur Hadrien (117 - 138).]]

Hadrien, nouvel empereur

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Hadrien reçoit la nouvelle de la mort de Trajan le 9 août en Syrie. Deux jours plus tard, il est acclamé empereur romain par les troupes de Syrie.[97]

La passation de pouvoir ne s’effectue pas dans la plus grande sérénité et Hadrien se sent menacé, semble-t-il, par les ambitions de quatre anciens consuls. Publius Acilius Attianus s'attache à établir et consolider l'autorité d'Hadrien à Rome, en allant peut-être jusqu’à l’élimination physique de ses opposants[d 2]. Il recommande la mort du préfet de Rome et de plusieurs exilés[a 14], il est sans doute le commanditaire de l'assassinat de Frugi Crassus, un banni qui a quitté son île d'exil sans autorisation[98][a 14] et peut-être de ceux d'Aulus Cornelius Palma (consul en 99 et 109), Lucius Publilius Celsus (consul en 113), Caius Avidius Nigrinus (consul en 110 et gouverneur de la Dacie) et Lusius Quietus (l'un des principaux généraux de Trajan et gouverneur de Judée),[99][97] suspectés d'avoir attenté à la vie du nouvel empereur[a 15] ou d'aspirer au trône[a 16]. Ces exécutions ont lieu sur ordre du Sénat.[a 16] Hadrien, alors en Syrie, nie avoir ordonné les exécutions de ces quatre sénateurs influents du règne précédent.[a 16][100][101]

De retour à Rome, il organise le triomphe posthume de son prédécesseur[a 17]. Le Sénat décide la divinisation de Trajan[a 17], son nom officiel devient : Divus Traianus Parthicus. Il est le premier empereur auquel on ajoute le titolo de dans la titulature[102].

Changement de politique

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À la mort de Trajan, la Grande-Arménie est de nouveau sous contrôle romain, hormis la partie cédée par l’empereur. En Mésopotamie, Lusius Quietus a repris la situation en main : il maîtrise les points-clés et isole la résistance en petites poches. Cependant, au sud, le roi vassal Parthamaspatès n’a pu se maintenir sur le trône sans le soutien des troupes romaines. Les derniers soulèvements des Juifs d’Orient sont réprimés par Quintus Marcius Turbo en Égypte et par le général maure Quietus en Judée avant son rappel et sa mise à mort. Turbo mène campagne contre un soulèvement en Maurétanie qui fait suite à cette exécution[a 14] · [103], puis combat le soulèvement de la Dacie et reprend le contrôle de la province[104] · [a 18] après la mort sur place de Caius Iulius Quadratus Bassus, envoyé par Trajan.

Carte de l'Empire romain en 125, avec le déploiement des légions décidé par Hadrien.

Au début de son règne, Hadrien ne poursuit pas la politique expansionniste de Trajan et renonce à tous les territoires nouvellement conquis entre le Tigre et l’Euphrate. Il préfère chercher à stabiliser la situation dans l’Empire et à propager la Pax Romana dans la zone comprise entre la Bretagne, où des troubles éclatent, et la Syrie, entre les Balkans et l’Afrique du Nord. Hadrien préfère la sécurité armée des frontières de l'Empire aux grandes campagnes militaires onéreuses.[105] Il fait la paix avec les Parthes et la frontière entre les deux empires retrouve son tracé de 113. On ignore si cette décision marque un changement radical de politique par rapport à son prédécesseur ou bien si Trajan avait, peu avant sa mort, émis le souhait qu’une paix de compromis soit conclue avec les Parthes pour ne garder que les conquêtes récentes[106]. La province de Dacie est quant à elle définitivement abandonnée en 271, quand l’empereur Aurélien ordonne l’évacuation et le retrait des troupes romaines au sud du Danube.

Hadrien réoriente également la politique intérieure. Contrairement à son prédécesseur, ce n'est pas l’Italie qui se trouve au cœur de ses attentions, mais les provinces. Ses nombreux voyages lui donnent une connaissance plus large des problèmes locaux des provinciaux.[107] · [108] Cette politique se reflète dans les sujets figurant sur les pièces de monnaie, où les provinces apparaissent maintenant autant que l’Italie[109] · [110].

À l'instar de ses deux prédécesseurs, il respecte le Sénat, mais sa politique plus novatrice créé des dissensions avec les sénateurs. Hadrien gouverne en , alors que Trajan a régné en pragmatique traditionaliste.[105] Après les grandes dépenses du règne précédent, la politique financière d'Hadrien est beaucoup plus stricte que celle de son prédécesseur.[108]

Bibliographie

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